Allo Clermont, pourquoi tu tousses ?!
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Et c’est reparti ! La pollution de l’air clermontois attendait le grand froid pour refaire parler d’elle. Mais elle s’accommode plutôt bien de la douceur ambiante qui, du fait de conditions météo faiblement dispersives, favorise l’accumulation de polluants. Si une étude révèle que la pollution de l’air parisienne est aussi nocive que le tabagisme passif, l’atmosphère clermontoise n’est pas loin de l’enfumoir.

Le seuil d’information et de recommandation quant à la pollution de l’air a été atteint hier dans la capitale auvergnate. Il concerne plus précisément les pollutions aux particules fines qui ont tendance à s’accumuler dans la cuvette faute de conditions dispersives (vent, dépression…).

Les oxydes d’azote sont moins concernés par cet épisode du fait de la douceur saisonnière qui les fait s’élever dans l’atmosphère quand le froid les fait stagner au sol.

Pour la journée du 26 novembre, le taux de particules PM 10 (diamètre de moins de 10 microns) s’élevait à 60 µg/m3 (seuil d’information, 50; seuil d’alerte, 80)

Le taux parisien était quant à lui de 50 µg/m3.

Le taux de dioxyde d’azote était de 97 µg/m3 quand la fourchette parisienne oscillait entre 60 et 90.

Pour rappel, lors des pics de pollution répétés de l’hiver dernier à Paris, les particules fines étaient déjà sur la sellette. Lors de l’épisode de mars 2014, par exemple, qui conduisit à la première mesure de circulation alternée sur Paris, le taux de PM10 oscillait entre 91 et 100 µg/m3 .

Si la taille de Clermont-Ferrand pousse naturellement à relativiser les problèmes auxquels elle est confrontée, notamment par rapport à Paris, il apparaît qu’en matière de pollution de l’air, la capitale auvergnate est très loin d’être épargnée et de pouvoir se cacher derrière son statut de ville de province.

D’autant que des études concordantes tendent à prouver que le danger n’est pas le pic mais la durée et la répétition de la pollution. Une exposition prolongée aux particules fines est néfaste, même lorsque les concentrations restent dans les normes européennes (25 μg/m3) !

La Montagne titrait récemment sur l’engorgement automobile de Clermont-Ferrand. Or ici comme à Paris, 60% du parc automobile est équipé de moteurs diesels qui sont les principaux émetteurs de particules fines.

Sur ce sujet sanitaire de tout premier ordre, les écologistes avancent trois types de propositions :

1- Refonte des mobilités dans le cadre d’une AOMD (Autorité Organisatrice de la Mobilité Durable) :


Il s’agit de donner la priorité aux modes de déplacement doux ainsi qu’à un aménagement urbain harmonieux basé sur une double mixité, sociale et fonctionnelle.
Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : le flux de voitures en ville doit diminuer, sinon la pollution de l’air ne baissera pas significativement, et les premiers touchés seront les habitants qui sont exposés en permanence à cette pollution. L’enjeu est de développer de nouvelles mobilités pour que chacun puisse continuer à se déplacer dans notre agglomération en ayant le moins recours possible à la voiture individuelle.

  • le développement d’un réseau de parkings relais en bordure du territoire de l’agglomération clermontoise, desservis par une offre de transports en commun efficaces (rapides et cadencés) et de transports doux (vélos en libre-service, garage à vélos sécurisés).
  • des politiques d’incitation au covoiturage (via notamment des PDE / PDA, Plans de déplacement d’entreprises et d’administration)

  • un service public du vélo avec définition d’itinéraires, implantation de garages…

  • une intégration de la marche dans la définition des politiques de transport durable (pédibus notamment)

  • une régulation du transport de marchandises dans les centres urbains à partir de pôles logistiques créés en périphérie urbaine.

2- Régulation et de la limitation du trafic automobile

  • en limitant les vitesses de circulation sur les voies les plus circulantes (autoroutes, voies rapides, boulevards de contournement, etc.)

  • en fluidifiant le trafic (éviter les arrêts et redémarrages) via le réglage des feux et l’utilisation des ondes vertes ; en régulant les horaires des entreprises, administrations etc… de façon à éviter la congestion des axes et la sur-utilisation des infrastructures.

  • en adaptant l’offre de transport en commun en période de pics de pollution.

  • en développant une politique innovante sur la tarification du stationnement (tarification valorisant le partage de l’automobile – covoiturage et autopartage – en surface ou en parking fermé, les modes vertueux de stationnement permettant de réaliser des économies ou de gagner des points pour accéder à un service de véhicule partagé).

3- Modernisation du parc automobile en retirant de la circulation les véhicules les plus anciens et les plus polluants ainsi qu’en incitant les français à choisir des véhicules à motorisation essence plutôt que diesel pour réduire progressivement la part du diesel dans le parc automobile français.

Une réflexion au sujet de “Allo Clermont, pourquoi tu tousses ?!

  1. Tout à fait pertinent cet article sur la pollution de CLERMONT, peu évoquée dans les médias trop branchés parisiens.
    Malheureusement, les résultats de la dernière enquête ménages des déplacements dans la grande agglo clermontoise,n’augurent pas une possible amélioration de la qualité de l’air car elle révèle notamment l’utilisation relativement faible des transports en communs même là où ils sont le plus efficaces dans le corridor MOULINS BRIOUDE.
    L’amélioration constante du réseau routier,l’abandon du ferroviaire, et
    la LOI DE TRANSITION ENERGETIQUE (votée par EELV) qui a totalement ignoré ce mode déplacement au profit des déplacements individuels dits « propres » ne favoriseront pas le développement des transports en commun
    Rappel: avec la même quantité d’énergie un voyageur parcourt 200 km en train 39 en voiture et 19 en avion .

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