Air : Clermont dépasse la cote d’alerte
Partager

La fin de semaine passée a été marquée par un nouvel épisode d’alerte à la pollution de l’air sur Clermont-Ferrand. Pollutions endogènes ou exogènes, ces épisodes ont l’air cet hiver de se répéter plus qu’à une bien mauvaise accoutumée : 26 novembre 2014, 23 janvier 2015, 20 mars 2015… Attention, la girafe d’ATMO risque le surmenage !

Jeudi 20 mars dernier, le Préfet du Puy-de-Dôme a déclenché le niveau 1 de la procédure d’alerte relative aux épisodes de pollution de l’air aux particules fines (PM10) sur le département.

Ces épisodes se suivent et se ressemblent, largement dus aux conditions météorologiques. Hautes pressions, grosses chaleurs ou grands froids et la cuvette clermontoise se remplit de nuages de particules stagnants. Toutefois, ce dernier épisode se distingue des autres en ce qu’il a donné la fièvre à la girafe d’ATMO pendant quelques jours, le seuil d’alerte 80 μg/m3 (et non plus seulement d’information, 50 μg/m3) étant cette fois-ci atteint, contraignant l’autorité préfectorale à prendre des mesures de limitation des vitesses dans l’agglomération.

La répétition de ces alertes souligne d’abord l’absence d’une véritable politique de prévention et d’anticipation ;  quelle que soit l’origine des émissions, l’activité locale aggrave la situation dégradée :

  • aucune mesure de réduction des émissions n’est déclenchée avant que soit atteint le seuil d’alerte (80µ/m3). Les incidences de la pollution aux particules fines sur la santé ne se manifestent pas à partir de ce seuil ! La santé des populations est menacée dès les premiers jours de pollution, quelle que soit la concentration.

  • il est indispensable d’améliorer le système de mobilisation des différents responsables : diffuser l’information plus vite et engager les premières actions de réduction des missions plus tôt, bien en amont des pics de pollution.

la répétition des épisodes de pollution de l’air nous interpelle aussi sur l’insuffisance de la lutte contre les émissions proprement clermontoises.

Les dispositif de « prévention et protection «  de la qualité de l’air sont nombreux, en théorie :

  • Schéma Régional Air Climat Energie (SRCAE)

  • Plan de Protection de l’Air de l’agglomération clermontoise : en application précisément, de la loi sur l’air, son ambition est la protection de la santé publique !

  • ZAPA (Zones d’action prioritaire pour la qualité de l’air) : Clermont communauté s’est portée volontaire en 2012 pour identifier les mesures les plus adaptées à son territoire. L’abandon de la démarche par l’État en 2013 a conduit à intégrer les enjeux de protection de la qualité de l’air dans le plan climat de l’agglomération (PAECT).

  • PAECT de l’agglomération : Clermont communauté a innové en associant les enjeux de protection de l’air avec ceux pour la protection du climat.

Alors pourquoi respirons-nous toujours aussi mal à Clermont-Ferrand ? L’absence de coordination politique et de moyens financiers pour mettre en œuvre ces plans d’actions est certainement la première cause d’inefficacité.

Mais quelles que soient les mesures envisagées dans les plans locaux, elles sont impuissantes face à l’augmentation des sources d’émissions , notamment le trafic routier.

C’est pourquoi, la loi de transition énergétique et la croissance verte ainsi que la loi MAPTAM et la future loi Notre (Nouvelle Organisation des Territoires) doivent apporter des outils et des moyens nouveaux pour mettre en œuvre une politique globale et transversale d’amélioration de la qualité de l’air:

  • L’arrivée d’un système de vignettes sur les véhicules les plus anciens et les plus polluants dès 2016
  • La possibilité donnée au maire par la loi sur la Transition Énergétique de prendre des mesures de limitation de la circulation.
  • La dévolution des compétences liées à la politique de stationnement au bloc intercommunal dans le cadre de la loi MAPTAM.

Dans ce sens, les écologistes clermontois ne manquent pas d’idées, eux qui portent à bout de bras, depuis des années, des mesures telles que :

un bureau des temps à l’échelle de l’agglomération

un centre de distribution urbaine (CDU) pour tout ce qui concerne la logistique des derniers kilomètres.

– le développement constant de l’offre de transports en commun et notamment la mise en site propre de la ligne B (est-ouest) en totalité.

– le déploiement d’une offre d’autopartage.

4 mesures, 4 outils actuellement à l’étude et pour lesquelles les écologistes veilleront scrupuleusement à ce que les crédits soient portés dans les futurs plans pluriannuels d’investissement. C’est un enjeu majeur de santé publique.